Un documentaire de famille, comment ça se passe ?

On vous parle souvent de l’importance de garder des souvenirs des moments de votre quotidien, mais on ne vous a pas forcément expliqué comment nous allons documenter cette journée en famille. Alors, concrètement, comment se passe un documentaire de famille ?

© Sybil Rondeau

Je réalise plus souvent des demi-journées que des journées complètes, et je commence très souvent dès le petit déjeuner. Il m’arrive même de dormir sur place si la maison est vraiment loin de chez moi. C’est d’ailleurs à mes yeux l’idéal : en arrivant la veille, je peux faire connaissance, et la première appréhension à ma présence dans leur quotidien est immédiatement levée par cette rencontre informelle, autour d’un dîner par exemple. Dans le cas contraire, j’arrive au petit matin, les enfants ne sont pas forcément encore debout, et je commence par rassurer les parents parfois un peu stressés par cette présence incongrue. Je leur explique que les enfants vont être au centre de mon reportage, ce sont eux les sujets principaux. Cela permet bien souvent de les détendre ! Bien sûr, dans tous les moments d’interaction parents – enfants, ils seront tout autant mes sujets et je serai à même de capter de beaux moments de complicité. Les petits m’observent, se demandent ce qui se passe. Et puis assez vite ils reprennent le cours de leur vie… ils trouvent plutôt agréable qu’on s’intéresse à eux de cette façon ! Tout au long du reportage, je n’interviens pas sur ce qui se passe mais je suis là avec eux, assez proche puisque je travaille majoritairement au grand angle. Cela me permet de créer des images dynamiques qui donnent la sensation de revivre le moment quand on les regarde. Je participe tout de même un peu en parole, je vis le moment avec eux pour mieux le photographier.

© Nadine Court

Que ce soit pour un reportage d’une demi-journée ou d’une journée complète, ce que je préfère c’est arriver en fin d’après-midi, après la sieste ou après l’école pour les plus grands. Dans le cadre d’une demi-journée, c’est généralement après cette heure que les rituels sont les plus importants : goûter, devoirs, bain, repas, jeux et coucher. Et dans le cadre d’une journée complète, ça me permet de faire connaissance avec les enfants pendant qu’ils sont bien éveillés plutôt que de les surprendre au réveil. Découvrir une inconnue dans sa maison alors qu’on a tout juste ouvert les yeux peut être assez intimidant pour certains enfants. Et puis en dormant sur place, je suis sûre d’être là au réveil ! :-)

Pour le déroulement du reportage, je n’essaie pas de me faire oublier. La famille s’habitue à ma présence et met très peu de temps à reprendre sa routine. On échange, on plaisante, on rigole. Tout se fait très naturellement. Par contre, je n’interviens pas sur les événements dans la mesure où je ne demande rien et je ne déplace rien. C’est du 100% naturel ! :-)

© Marine Poron/Ernestine et sa famille

De mon coté, je prépare ma venue en amont. Les familles reçoivent un petit questionnaire et un guide pour expliquer au mieux ma démarche, ce que je ferai ou ne ferai pas, ainsi que quelques conseils pour que tout le monde profite au mieux de ce moment. Le questionnaire me permet de créer un premier contact réel avec la famille. Je leur demande de se dévoiler un peu, de réfléchir à ce qui compte pour eux etc. Des petites informations anodines qui me permettent d’arriver le jour J avec une meilleure idée de qui ils sont. Quand j’arrive chez les gens, nous commençons par discuter, je les questionne, je creuse un peu les réponses qu’ils m’ont fournis, je fais connaissance avec tout le monde et je commence doucement à prendre des photos. Tout au long de la journée, je vais discuter avec mes hôtes, partager leurs activités, les repas… Comme si je faisais partie de leur vie. Je dis parfois que c’est comme de recevoir une cousine éloignée qu’on n’a pas vu depuis très longtemps. Au début, on tâtonne et petit à petit, tout devient naturel. Ma manière de me fondre dans la vie de la famille, c’est d’en faire partie le temps d’une journée. Cela me permet de mieux ressentir ce qu’il s’y passe et tout l’amour qui circule. Et je vous jure qu’à chaque fois, j’ai envie d’être adoptée <3!

© Annie Gozard

Quand je couvre des demi-journées, je préfère aussi commencer à l’heure du petit-déjeuner. Parce que j’adore ce moment et qu’il permet d’aller crescendo en termes de rythme.

Alors évidemment, on a besoin d’un petit temps d’adaptation pour s’apprivoiser mutuellement. Au tout début, même s’ils ont été prévenus au préalable, les enfants sont intrigués par ma présence et par le fait d’être photographiés (difficile alors de faire des photos sans qu’ils regardent l’appareil) mais ça leur passe très rapidement.

Quand j’arrive, je ne connais pas grand-chose de la famille. Je n’échange pas beaucoup avec eux avant mon arrivée. Je leur ai juste expliqué dès le premier contact en quoi consistait ma démarche et je m’assure qu’ils sont réceptifs. Donc si je viens chez eux les photographier, c’est qu’ils ont bien compris et qu’ils sont partants pour vivre leur vie comme d’habitude mais sous mon oeil attentif. Et de mon côté, je m’adapte à ce que je vois, ce que je ressens.

Donc une fois sur place, je discute, je prends mes marques dans l’espace. Puis je rentre un peu dans ma bulle pour rester concentrée. Car je ne sais pas discuter et photographier en même temps, c’est mon draaaame ! Sur mes tous premiers mariages et mes tous premiers reportages famille, ça m’a déjà arrivé d’être tellement engagée dans une discussion d’en oublier que je suis venue pour faire des photos …

La demi-journée se finit sur le déjeuner que je partage avec mes hôtes. Et avec un peu de chance, il y a au moins un enfant qui a besoin de faire une sieste juste après mon café, ce qui permet de clore le reportage. Parce que sinon, j’y serais encore …

© Maryline Krynicki

Avant la journée de reportage, je prends du temps, souvent par téléphone, pour bien expliquer comment va se passer la journée avec moi. Les familles ont besoin de comprendre, concrètement, ce que ça va impliquer et d’être rassurées quand elles n’ont jamais vécu une expérience comme celle-ci. Et, en fait, tout se passe tellement naturellement, qu’à la fin de la journée, elles ne savent plus pourquoi elles s’étaient inquiétées avant. Et donc, comment cela se passe ? Je viens tout simplement partager une journée avec eux. J’arrive assez tôt le matin, parfois, avant que les enfants ne se réveillent, je m’équipe et je commence par photographier l’environnement, là où ils vivent. Je viens ensuite sonner à la porte et je fais la connaissance de tout le petit monde, en continuant de photographier pour les habituer. Ils oublient facilement l’appareil comme ça. La journée défile et je photographie leur vie, leurs activités en famille, les instants du quotidien, ce qu’ils partagent au jour le jour. Je les quitte le soir, après le diner, avec ce sentiment d’avoir passé une journée avec des copains. C’est hyper agréable et j’ai déjà hâte de les revoir pour leur faire découvrir les images !

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