Emmanuelle B – photographe documentaire à Toulouse

[INTERVIEW DE PHOTOGRAPHES]

Bonjour Emmanuelle !

Tout d’abord, peux-tu te présenter en quelques mots ? Qui es tu ? Quel est ton parcours ?

Je suis née dans le sud de la France, à Perpignan. C’est ma marraine qui a fait naître ma passion pour la photographie. Je souhaitais être reporter de guerre, photographier des scènes criminelles ou être paparazzi mais j’ai tout aussi apprécié être reporter-photographe sportif puis rédactrice en chef (au grand soulagement de ma maman). En 2005, j’ai mis mes appareils photos au placard (et c’est pas une image) pour monter à Brest et travailler en agence de pub comme maquettiste-graphiste (2e grande passion). C’est au pays du beurre salé que j’ai rencontré mon homme et c’est suite à sa mutation sur la région Toulousaine en 2010 que je me suis remise à la photo. Depuis maintenant 3 ans, j’ai fait du documentaire familial ma spécialité et ne couvre que des petits mariages entres amis.

Vous pouvez découvrir mon travail sur mon site : www.emmanuelle-b.com

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Comment le documentaire de famille est entré dans ta pratique ? Comment le pratiques tu ?

Je pense qu’il a toujours été présent mais que je ne le définissais pas ainsi. Lorsque j’avais des demandes pour des séances familles ou maternité, je précisais que je faisais uniquement du reportage, mais pendant la prise de vue je ne m’affirmais pas assez et le lifestyle prenait le dessus. En 2015, je suis tombée sur le travail de Colie James et de Kirsten Lewis. Je découvrais les termes de « documentary family photographer », « family photojournalism session », « storyteller », « day in the life ». Ce fut l’évidence.

Est-ce que tu fais également de la photographie lifestyle ?

Je n’en fais plus. Désormais, si il y a des sessions de 1h ou 2h demandées, elles sont consacrées à une activité. Qu’importe laquelle et où, du moment que je puisse documenter et non enjoliver.

Est-ce que tes clients voient la différence entre lifestyle et documentaire ? Dois-tu leur expliquer ? Et si oui, comment expliques-tu ?

Oui bien qu’ils emploient plus le terme « séance famille » que « lifestyle ». Je précise alors que je fais uniquement du documentaire et explique en détails de quoi il s’agit, les objectifs que j’utilise et du coup ma façon de photographier. J’insiste sur le fait que c’est intimiste mais pas intrusif, que l’idéal ce sont les reportages à la journée et que je ne fais pas de photos posées (une photo de famille est tout de même autorisée). Côté tarifs, je fais bien la différence entre la prise de vue et les supports (numérique ou papier). C’est bien précisé sur le devis et ma plaquette produits.

Quel est le contexte (économique) de la photo de famille dans ton pays/ ta région ?

En France, si je devais donner un ordre des priorités, je dirais que le reportage mariage prend la première position en terme d’investissement. Les mariés ont maintenant conscience de la valeur de ces futurs souvenirs. Ensuite, pour les photos familiales, par méconnaissance, puisque pas encore pas assez représenté, le documentaire vient en dernière position. Entre les deux ce sont les séances grossesses et nouveau né, et là encore, j’ai l’impression que celle en studio et le newborn posing sont privilégiés. Sur la région Toulousaine, le lifestyle est vraiment très bien valorisé par de talentueuses photographes et la clientèle connaisseuse est en demande et apprécie le style.

Est-ce que la photo documentaire de famille est une pratique bien développée dans ton pays ?

C’est encore timide mais d’ici un an, ce sera différent. Votre collectif, déjà, fait parler de cette pratique, et en quelques mois cela à suscité beaucoup de curiosité. De mon côté, j’ai des demandes en privé de photographes qui souhaitent avoir des renseignements. Je suis convaincue du développement de cette pratique d’ici peu… après, s’agira-t-il d’un effet de mode ? Est-ce que l’offre répondra à la demande ? Est-ce que certains seront honnêtes envers eux-mêmes et reconnaîtront s’ils sont fait pour ça ?

Comment tes anciens clients ont-ils reçu cette nouvelle approche (si nouvelle approche) ?

Je ne pense pas qu’ils aient vu la différence sauf que maintenant je montre beaucoup plus de reportage que de photos posées et j’insiste bien sur l’aspect documentaire.

Y a-t-il beaucoup de photographes pratiquant le documentaire de famille autour de toi ? Quels sont tes rapports avec eux ?

Vous !… A quand un apéro ? :-D

Qu’est ce que tu aimes dans la photographie documentaire de famille ?

Le vrai, le naturel, le brut, l’inconnu ! Chaque minute, chaque heure passée à son lot de surprises, d’inattendu. Il y a aussi cette liberté, parce que dans la majorité des cas, je travaille en pantoufle ou en chaussette ! :-D et puis surtout, tu ne diriges absolument personne.

Quelle est ton approche personnelle ? A quoi es-tu sensible ?

Je suis simple, naturelle et assez spontanée. Je ne porte aucun jugement. Je parle, je m’intéresse au foyer. Si on n’échange pas avec moi, pas de soucis non plus mais si les enfants veulent que je joue avec eux, que je leur tienne la main pour traverser la route, que je les porte, je le fais. Je fais partie intégrante de leur vie pour une journée. Par contre, je suis aussi « capable » de ne pas tenir une porte pour aider le passage de la poussette parce que si je l’avais fait à ce moment là, cela changeait totalement la vérité du quotidien.

As tu déjà rencontré des difficultés lors d’un reportage ou dans l’accueil de tes clients ?

Toutes les familles que j’ai pu rencontré à ce jour m’ont accueilli avec beaucoup de sympathie et générosité. Ce n’est pas donné à tout le monde d’ouvrir son foyer, de se laisser photographier dans son quotidien.
Par contre, je me suis remise en question lors de mon dernier reportage de l’année 2017. Une belle matinée du 24 décembre, avec un foyer plein d’enfants, la magie de Noël à l’état pur… et bing, accaparée par toute l’activité de ce joli monde, j’ai manqué un membre de la famille. Je me suis pris une belle claque et une déception immense.

Y a-t-il un moment que tu préfères lors d’un reportage ? As-tu une anecdote de reportage?

Je dirais… ce moment où l’on intègre vraiment la famille. Ce passage où la gène (notamment de la part des adultes… car côté enfants, ça dure 5 min et après hop hop ils vous oublient) disparaît et le naturel reprends le dessus. Après, j’aime bien les petits-déjeuners, les trajets en voiture et l’heure du bain.
Côté anecdote, la toute dernière a été la réaction d’une petite fille qui m’a vu photographier une crise de larme d’un pitchou qui avait été puni : « Pourquoi tu le photographies quand il pleure ? C’est mieux quand il rigole ! »… Comme quoi, la photographie est synonyme de bonheur ! :-D

Qui sont tes influences ? Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Robert Doisneau. C’est LE photographe qui m’a donné envie de faire du reportage et de photographier la vie telle qu’elle est.

Après j’adore les photos intimistes d’Ivan Troyanosky et la bouffée de bonheur de celles de Ricardo Vieira. De temps en temps, je me plonge dans un autre registre, celui des photographes de LensCulture, de l’agence MYOP ou VU.

Pour le documentaire familial, je citerai Renato Dpaula, Jessica Thomason, Félicia Chang, Kirsten Lewis, Casey McCauley.

1 réponse
  1. Emmanuelle
    Emmanuelle dit :

    Merci beaucoup Joyeux Bazar pour l’intérêt porté à mon travail. Merci également de faire connaître un peu plus chaque jour le documentaire familial et qui plus est avec autant de passion.

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