Notre intervention aux conférences Inspire & Vous

Notre Collectif a eu l’honneur de participer aux conférences Inspire & Vous en marge du Salon de la Photo à Paris, le week-end dernier. Inspire & Vous, c’est 12 photographes qui ont 5 minutes chacun pour partager leur vision, leurs valeurs, pour inspirer la communauté des photographes. Nous étions toutes les 5 présentes pour y parler des souvenirs d’enfance et de la valeur de notre travail documentaire.

Les souvenirs d’enfance, c’est comme des petites briques de Légo, il y en a de toutes sortes, et de toutes les couleurs, des jolis, des qu’on apprécient moins, des qu’on aime franchement pas … on les accumule, on se construit avec, on invente… et quand ils manquent, on consolide autour avec d’autres morceaux, on trouve d’autre moyens. Les souvenirs d’enfances sont souvent des petits morceaux de vie qui peuvent paraître insignifiants à d’autres mais qui pour nous, dévoilent toute leur subtilité.


Je me souviens des trajets en voiture le matin, quand je partais à l’école avec mon père, les repas, les disputes et les fou-rires dans la cuisine avec mes frères et sœurs, les batailles de feuilles mortes à l’automne dans le jardin, le papier à fleur rose de ma chambre, les courses de vélo, la pêche aux crabes dans les rochers en vacances, les glaces prises sur le port avec mon grand père,Je me souviens de l’odeur du placard ou se trouvait le chocolat chez ma grand mère. Un mélange d’épices et de noisettes.



Dans mes albums photos de famille, je n’ai quasiment que des photos très conventionnelles, très posées prises à Noël et lors des anniversaires. Heureusement, j’ai une super bonne mémoire et il me reste bien plus d’images dans ma tête. Je me souviens de mes premiers pas au Parc Montsouris, de la fierté d’écrire mes premières lettres sur mon premier cahier, des goûters trop bons chez ma nounou, et des road-trips le long de la côte atlantique. C’est sûrement ce manque de « vrais moments vrais » dans mes albums photos qui m’amène aujourd’hui, avec mes clients, à développer une narration dans mes images.



J’ai très peu de souvenirs, surtout petite. Lorsque je regarde mes photos d’enfance, comme la madeleine de Proust, elles me transportent et je me souviens vaguement… le dessin d’un maillot de bain, la balançoire dans le jardin avec ma sœur, et surtout, les vacances à la neige : j’étais trop petite pour faire du ski, alors je descendais les pistes sur ceux de mon père, et je trouvais que c’était la meilleure place au monde ! Je chéris ces souvenirs, ils sont tellement rares et précieux. D’autant que je n’ai pas moi même crée ma propre famille. Alors aujourd’hui je n’ai de cesse de rechercher ces moments auprès de mes clients, et j’ai une vraie satisfaction à les immortaliser pour eux. Ils sont dans les petits rituels du quotidien, et dans les moments de partage qui semblent insignifiants sur l’instant mais qui prennent une valeur inestimable avec le temps.




Après le départ de ma grand-mère, j’ai récupéré plein de photos de famille plus ou moins anciennes qu’elle conservait dans une boîte, même l’album mariage de mes parents ! Plein de souvenirs me reviennent en mémoire en regardant mes photos : les anniversaire de mon enfance avec mes cousines et mes amis, les super gâteaux en forme de princesse que ma grand-mère nous préparait ! Les jupes que ma mère me faisait et que j’ai tellement portés !  Quand je documente la vie de famille de mes clients, je cherche à leur créer les mêmes souvenirs. Dans quelques années, je voudrais qu’en regardant leurs photos ils se  rappellent toutes ces choses qu’on oublie avec le temps : L’habitude du petit dernier de se jeter la tête en arrière quand il était dans sa chaise haute, le parcours du combattant à chaque repas quand leur fille avait 3 ans… le rituel à la fenêtre quand papa partait au travail… Ces détails, il n’y a que les reportages du quotidien qui puisse les révéler et c’est mon bonheur de pouvoir les immortaliser.



Je n’ai pas de photos de moi petite à vous montrer, mais, des extraits de séances que j’improvise avec mon fils depuis qu’il est né. Ces séances m’ont vraiment permis de créer une connexion avec lui. C’est devenu notre truc et il me réclame souvent ces séances. Finalement, avec mes clients, c’est un peu pareil. Ça me fait du bien de les photographier, d’être un témoin privilégié de leur histoire, de tous leurs moments en famille, même les plus touchants, comme avec cette petite fille qui venait de perdre son papa depuis quelques jours. Sur son cahier, elle a fait écrire les noms des personnes de sa petite famille : elle (Ninon), sa maman et le cousin de sa maman qui a été très présent dans ces moments difficiles. Pour sa mère, il était vital de faire des photos avec sa fille à cet instant de leur vie. C’était sûrement l’un des reportages les plus difficiles émotionnellement pour moi. C’est dans ce genre de situation que l’on prend conscience de la grande importance de notre métier.

Aujourd’hui, le travail documentaire que nous réalisons avec nos clients s’inscrit dans cette veine : documenter le quotidien, créer de la substance à la mythologie familiale.

A travers nos reportages familles, nous documentons aussi une époque. Les vêtements, les objets, les voitures et les jeux d’enfants … Nos photos s’inscrivent dans une temporalité. Notre travail documentaire est certes tourné vers l’intime, il s’adresse d’abord aux familles mais il est aussi plus globalement représentatif d’une manière de vivre.


Vous avez envie de venir échanger avec nous autour du documentaire de famille, on se retrouve du 9 au 11 mars 2018 près de Nantes pour notre Pop-up.

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