Sandra Stokmans – Photographe documentaire au Pays Bas

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[INTERVIEW DE PHOTOGRAPHES]

Bonjour Sandra !
Tout d’abord, peux-tu te présenter en quelques mots ? Qui es tu ? Quel est ton parcours ?

Je m’appelle Sandra, photographe documentaire et photographe corporate aux Pays-Bas. Je suis née à Utrecht.

L’année de ma naissance, ma famille et moi avons déménagé au Pérou pour le travail de mon père. Les 15 premières années de ma vie, nous avons vécu à l’étranger, au Pérou, en Indonésie, au Bangladesh, en Angleterre, brièvement en Hollande, puis de nouveau au Pérou. Ensuite, nous sommes retournés aux Pays-Bas afin que mes frères et moi puissions terminer nos études.

J’ai toujours été fascinée par mon père et son appareil photo. Il faisait de si belles photos. Dans tous les pays où nous avons vécu, les personnages les plus colorés, les paysages et les villes ont été photographiés par mon père. En conséquence, je pense que j’ai développé une curiosité, un émerveillement et une admiration pour la manière dont les gens vivent. Quand j’ai eu dix-huit ans, j’ai économisé assez d’argent pour m’acheter mon premier appareil photo! J’ai commencé à shooter et je n’ai jamais arrêté.

Après l’école et mes études pour devenir professeur d’espagnol, ça n’a pas été facile de trouver un emploi. C’était l’époque de l’émergence de l’informatique et j’ai tenté ma chance. Lors d’un de mes premiers entretiens, j’ai été embauchée en moins de 2 semaines en tant que chef de projet informatique. C’est le métier que j’ai fait pendant 18 ans.

Il y a quelques années, après une période de travail très tumultueuse, je suis devenue la cause indirecte d’un drame familial. Cela m’a vraiment beaucoup touchée. Il m’a fallu un certain temps avant de retrouver mon bonheur intérieur, et profiter vraiment de mes trois petits amours et enfin, avec le temps, de retrouver mon amour pour la photographie. A cause de ce qui s’est passé, je suis devenue très consciente de ces moments précieux que j’ai aujourd’hui, avec mes enfants et mon homme, ma famille et mes amis.

Souvent, il se passe des choses à table et je me retrouve à penser « oh, j’aimerais que cela puisse être capturé ». Jouer à un jeu avec les enfants, une bonne conversation avec ma mère, une promenade avec mon fils, mais aussi, ça ne vous paraîtra pas étrange à vous ;) les cris, ou la rage et les moments de réconfort qui suivent. Des images qui signifient quelque chose. Des images qui provoquent une émotion. Ces images que chériront mes enfants et, à leur tour, leurs enfants, enfin, je l’espère.
Vous pouvez découvrir mon travail sur mon site : www.sandrastokmans.nl/
Instagram www.instagram.com/sandrastokmansfotografie/
Facebook www.facebook.com/SandraStokmansFotografie
YouTube : www.youtube.com/user/SandraStokmans
Flickr : www.flickr.com/photos/sandrastokmansfotografie/albums

Hi Sandra !
First of all, can you introduce yourself ? In a few words, tell us who you are and how did you get to where you are today

I am Sandra, a documentary family photographer and business photographer from the Netherlands. I was born in Utrecht, the Netherlands. In my first year we moved to Peru for my father’s work. The first 15 years of my live we lived abroad in Peru, Indonesia, Bangladesh, England, briefly in Holland, and then Peru again. Then we went back to the Netherlands so that we my brothers and I could finish our school. I have always been fascinated with my father and his camera. He could make most beautiful photos. In every country we lived, the most colorful characters, landscapes and cities were portrayed by my dad. As a result, I think I developed a curiosity, wonder and admiration for how people live. When I was eighteenth I had saved enough money to buy my first camera! I started shooting and never stopped.

After my studies and my post degree to be a Spanish teacher, it was not easy to find a job. The IT was coming up and when I went on one of my first interviews to an IT company I landed the job within 2 weeks as project manager. I worked as such for about 18 years.

A few years ago after a very tumultuous working time, I became an indirect part of a family drama. That really impacted me in a big way. It took a while before I found my inner happiness again, really enjoying my three loved ones, and in the long run my love for photography. Because of what happened, I became very much aware of those precious moments I have today, with my children and my man, my family and my friends.

Often I have moments at the table when I find myself thinking ‘oh I wish this could be captured’. Playing a game with the kids, a good conversation with my mother, a walk with my son, but also, it does;t sound crazy to you guys ;) but the cry or the rage, and the comforting of it. Images that mean something. Images that invoke an emotion. Those are the images I hope that are going to be so dear to my kids and their kids.
You can find my work here: www.sandrastokmans.nl/
Instagram www.instagram.com/sandrastokmansfotografie/
Facebook www.facebook.com/SandraStokmansFotografie
YouTube : www.youtube.com/user/SandraStokmans
Flickr : www.flickr.com/photos/sandrastokmansfotografie/albums

Comment le documentaire de famille est entré dans ta pratique ? Comment le pratiques tu ?

Eh bien, il m’a fallu un peu de temps et j’ai testé toutes sortes de photos (en achetant toutes sortes d’optiques, hahaha!) pour vraiment savoir dans quelle branche de la photographie je voulais m’investir. Ouais, j’aime les moments et la belle lumière de l’heure dorée (Golden Hour) et toutes les magnifiques photos que l’on peut faire avec ça. Et la photographie de voyage est aussi une grande passion grâce à mon enfance. Mais en ce qui concerne la photographie familiale, rien ne dépasse le “Day in the Life”(journée de documentaire de famille NDLR). En faisant des recherches sur le net, il y a quelques années, je suis tombée sur les Day in the Life de Kirsten Lewis et dans mon propre pays, ceux de Liesbeth Parlevliet. J’ai trouvé ce que je pense être la forme de photographie la plus précieuse pour moi, mais surtout pour mes enfants et leurs petits-enfants. J’adore les photos de vraie vie, de moments authentiques, de vraies émotions sincères, j’essaye vraiment de capturer la (les) personne (s) devant l’appareil. Depuis ce jour, j’ai su que je voulais investir mon temps et mon énergie à faire connaître le documentaire de famille au Pays Bas.

How did you come to documentary family photography ? How do you practice this form of photography ?

Well, it’s taken me a little while and making all kinds of photos (and buying all kinds of lenses hahaha) to really knowing what kind photography I want to invest in. Yeah, I love the moments and light that Golden Hour offers and the beautiful pictures you can make with it. And travel photography is also a big love of mine because of my youth. But as far as family photography goed nothing trumps Day in the Life. in my search online years ago I found Day in the Life, Kirsten Lewis and in my own country Liesbeth Parlevliet. I found what I think is the most valuable form of photography for me, bur especially for my kids and their grandkids. I love the photos of real life. Of real authentic moments. Of real heartfelt emotions. Of really trying to capture the person(s) in front of the camera. And I knew I wanted to invest my time and energie in showing Holland what Day in the Life is.

Est-ce que tu fais également de la photographie lifestyle ?

Je mets en scène des images «documentaires» pour mes clients “corporate” ou pour de petites entreprises, qu’ils utilisent sur leur site Web ou à des fins de marketing.

Do you also work as a lifestyle photographer ?

I stage ‘documentary style’ images for corporate clients or small business to use on their website or for marketing purposes.

Est-ce que tes clients voient la différence entre lifestyle et documentaire ? Dois-tu leur expliquer ? Et si oui, comment expliques-tu ?

En début d’année, j’ai écrit un article de blog sur ce sujet. J’ai remarqué que, parmi les photographes, beaucoup mélangent les genres. Peut-être pour des raisons de référencement, je ne sais pas. Je sais que ceux qui pratiquent vraiment la photographie documentaire avec l’approche photo-journalistique font attention à ne pas mélanger les termes.

J’ai tendance à l’expliquer de cette façon: dans la photographie lifestyle, le photographe dirige l’action pour capturer un moment spontané et naturel. C’est stylisé et (un peu) posé. La photographie documentaire consiste à capturer ce qui se passe comme cela se produit. C’est tel quel et sans pose. Mais je partage vraiment la description que Kirsten et Jenna ont faite lors de la retraite allemande en mars de cette année: le lifestyle montre à quoi le sujet ressemble et le documentaire ce qu’il ressent.

Je préviens mes clients autant que possible à l’avance.

Do your clients see the differences between lifestyle and documentary ? Do you have to explain to them ? If so, how do you explain ?

At het beginning of this year I wrote a blog about it. I have noticed that also among photographers the use of the genres is being mixed. Maybe for SEO reasons, I don’t know. I do know that the ones that really practice documentaire photography with the photojournalistic approach don’t tend to mix the terms.

I tend to explain it this way. In lifestyle photography, the moments are directed by the photographer to capture spontaneous, candid moment. It is stylized and (somewhat) posed. Documentary photography is about capturing what happens as it happens. It is what it is. It is unposed. But I also really feel how Kirsten and Jenna described it at the German Retreat in March of this year: Lifestyle shows how it looks, and documentary shows how it feels.

I inform my clients as much as possible in advance.

Quel est le contexte (économique) de la photo de famille dans ton pays/ ta région ?

Les gens sont prêts à dépenser beaucoup d’argent dans la photo mais dans cet ordre-là : pour leurs photos de mariage, pour leurs séances maternité ou les sessions nouveau-nés, et, en dernier lieu, pour de vraies images de leur vie de famille. Ces images sont “en un sens” déjà présentes sur leurs iPhones ou sur leurs ordinateurs. Mais une fois que j’ai photographié une famille et qu’ils découvrent leurs photos, ils voient la différence! Alors, ce n’est qu’une question de temps, j’en suis convaincue! Et si, en tant que collègues, à travers l’Europe, nous mettons tous en avant cette autre approche de la photographie familiale, le mouvement sera d’autant plus profond ;).

In your country, what is the economical context for family photography ?

It is still pretty limited. People are willing to spend a lot more money on pictures of their wedding day, maternity or on newborn sessions, then actual pictures of their family life. Those pictures are on mostly on their iPhones or on their computers. But once I have photographed a family and they see the picture they feel the difference! Then it’s just going to be a matter of time, I’m convinced of it! And if we as colleagues all through Europe show this other side of family photography it will become landslide ;).

Est-ce que la photo documentaire de famille est une pratique bien développée dans ton pays 

Aux Pays-Bas, peu de gens connaissent cette approche photo. Il faudra du temps et beaucoup de photos de notre vie quotidienne et de celle des familles que nous photographions pour vraiment faire en sorte que les gens voient la richesse de la photographie documentaire. Non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour les générations à venir. Je pense que Polona l’a bien décrit dans son interview: J’essaie de leur montrer la beauté du quotidien, de tous ces moments qu’ils passent ensemble et qui font que leur famille est unique. Je leur explique que s’ils veulent se souvenir et chérir leur différence, ils méritent des photos différentes. Chaque famille est différente, leurs souvenirs aussi, mais les photos posées représentent toujours plus ou moins la même chose.
Cette dernière phrase a vraiment résonné en moi.

Is documentary family photography well developed in your country?

In the Netherlands not many people are familiar with the genre. It will take some time and a lot of showing our daily lives and that of the families we shoot, to really get families to see the value in documentary photography. Not just for themselves but for the generations to come. I think Polona described it really well in her interview: it will take a lot of showing them the beauty of their everyday life, of those hidden moments at home or inside their families that make them unique. How they want to remember and cherish how their family is different from any other and deserves different photos. Each family memory is different, but posed photos are more or less the same.

That last sentence really resonated with me.

 


Y a-t-il beaucoup de photographes pratiquant le documentaire de famille autour de toi ? Quels sont tes rapports avec eux ?

C’est en train de se mettre en place. Je suis, avec une poignée d’autres photographes, la première à avoir photographié de réels documentaires de famille. Avec ces quelques photographes, nous avons créé le groupe « MetZonderJas » (“Avec ou sans manteau”) sur Facebook et Instagram, où nous essayons de montrer ce qu’est la photographie documentaire familiale. Mais j’ai l’impression que l’on continue à faire chacun les choses de notre côté. Avec ma collègue Marjolijn Maljaars, nous irons à notre premier festival début juin. Je suis très curieuse de savoir comment cela va se passer et comment les gens réagiront à cette approche.

Par rapport à beaucoup de collègues européens, nous avons encore beaucoup à faire, à mon avis. La qualité générale est si élevée! Je pense que certains de mes collègues néerlandais ne sont peut-être pas très conscients de cela. C’est pourquoi, après avoir participé à la retraite photographique allemande, organisée par Barbara, Julia et Olga, Liesbeth Parlevliet et moi avons demandé à Kirsten et Jenna de venir en Hollande pour une retraite photographique hollandaise et un workshop sur le terrain. C’est pour mars 2018! Nous donnerons aux collègues néerlandais, et aux Européens, une très bonne opportunité (sans avoir à aller trop loin) d’apprendre directement de la bouche des intéressées! Ça va être incroyable!


Are there many photographers working as a documentary family photographer ? How do you get along together? Is there like a community or do you each do your own thing?

It’s getting there. I am, with a handful of other photographers, the first shooting real documentary family photography. This handful joined hands and we have created the “MetZonderJas” (With Without a coat) Facebook- and Instagram group, where we try to show what family documentary photography is. But I feel like we still very much do our own thing. With my colleague Marjolijn Maljaars we will be going to our first festival beginning of June. I’m very curious how that will go and how people will react to this approach.

In comparison to a lot of European colleagues we still have a long way to go, in my opinion. The quality is so high! I think some of my Dutch colleagues maybe aren’t so very aware of this. That’s why after having gone to the German Photo Retreat, organized bij Barbara, Julia and Olga, Liesbeth Parlevliet and I have asked Kirsten and Jenna to come Holland for a Dutch Photo Retreat and an Advanced in-the-field Workshop. And they are coming in March 2018!! We will be giving the Dutch colleagues, and the European ones, a very good opportunity (without having to travel that far) to learn from the horses mouth! It’s going to be amazing!

Qu’est ce que tu aimes dans la photographie documentaire de famille ?

Les enfants et leur réalité (en néerlandais onbevangenheid), l’amour entre deux personnes, les familles avec leur manière de faire, les moments précieux du quotidien, les moments avec le grand-père et la grand-mère ou aussi les moments difficiles de quelqu’un qui n’en a plus pour très longtemps… je pense que ce sont des moments précieux, qu’il faut documenter pour ceux qui n’en garderont pas de souvenir précis.

J’aime vraiment aussi le fait de ne pas avoir à dire aux gens ce qu’il faut faire. C’est excitant et angoissant, car tout est inattendu et vous ne savez jamais ce qui va se passer. Et vous ne savez pas non plus si vous avez saisi le moment que vous vouliez attraper. Mais quand vous l’avez et que vous le savez, c’est génial !!

What do you like in documentary family photography ?

Children and their realness (dutch woord onbevangenheid), love between two people, families in their own dynamics, the precious daily moments, the moments with Grandpa and Grandmother or also the tough moments of someone who doesn’t have much longer. I think those are such precious, important, valuable moments to document for those who won’t be able to remember them as much.

I also really like that I don’t have to tell people what to do. It’s exciting and its nerve-racking, because it’s unexpected and you never know what will happen. And you don’t always know if you have caught the moment you wanted to catch. But when you have and you know it, it’s awesome!!

 

Quelle est ton approche personnelle ? A quoi es-tu sensible ?

Je suis vraiment attirée par des moments tendres / les connexions, le bonheur réel / spontané et les moments drôles (mais je n’ai pas encore découvert quel type d’humour m’attire le plus). Pendant une prise de vue, j’essaie de saisir toutes sortes de moments.

What is your personal approach? What are you sensitive to ?

I am really drawn to tender moments / the connection, real happiness / pure glee, and funny moments (but I haven’t discovered yet which kind of funny attracts me the most). During a shoot I try to capture all kinds of moments.

As tu déjà rencontré des difficultés lors d’un reportage ou dans l’accueil de tes clients ?

Jamais. Je pense que je m’adapte très facilement et naturellement. Lors de mon dernier Day in the Life (documentaire de famille), les deux petites filles ne voulaient plus que je reparte chez moi :D

Did you ever have any issues during a session or with the family who was hosting you ?

Never. I find that I blend in quite naturally. Last Day in the Life sessions the two little girls didn’t want me to go home :D.

Y a-t-il un moment que tu préfères lors d’un reportage ? As-tu une anecdote de reportage?

Il n’y a vraiment aucun moment favori pour moi même si j’apprécie vraiment les enfants et leurs activités. Les familles et les sessions peuvent être si différentes (bien qu’à la base similaires).

Ce que j’aime vraiment faire également, c’est photographier des occasions spéciales avec cette approche documentaire.

Which is your favorite moment in a DITL session ? Any particular story that happened during a session you’d like to share?

There really are no favorite moments for me. Although I really do like kids and their sports. Families and sessions can al be so different (and yet so the same).
What I also really like doing is photographing special occasions with the Day in the Life approach.

Qui sont tes influences ? Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Kirsten Lewis à coup sûr (superbes photos, moments géniaux, et aussi la façon dont elle enseigne, de manière si objective, honnête et drôle!). J’aime vraiment le travail de Liesbeth Parlevliets avec sa couleur et ses moments. Et depuis mon retour de la retraite photo en Allemagne, j’ai 17 adorables sources d’inspiration, et bien sûr l’inoubliable Jenna Shouldice (superbes photos, si douces, si drôles). Je respecte également beaucoup les américaines qui font un beau travail sur leur vie quotidienne.

Mes plus grandes inspirations, c’est Tom et Marie!

Who are your influences ? What is a source of inspiration for you?

Kirsten Lewis for sure (great photos, awesome moments, the way she teaches, so unbiased and honest, and funny!). I really like Liesbeth Parlevliets work with her color and moments. And since returning from the German Photo Retreat I have 17 lovely sources of inspiration, and of course the unforgettable Jenna Shouldice (great photos, so sweet, so funny). I also follow quite a lot of American ladies who make beautiful work of their daily lives.

My biggest two inspirations, Tom and Marie!

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