Estelle Chhor, photographe documentaire en Ile de France

Bonjour Estelle !

Tout d’abord, peux-tu te présenter en quelques mots ? Qui es tu ? Quel est ton parcours ?

Hello !

Moi c’est Estelle, 37 ans, photographe depuis 2014, mariée et maman de 4 adorables terreurs  (cet oxymore leur va si bien ;)
Je vis en Vallée de Chevreuse,  mais je travaille  partout en Ile de France et au-delà, suivant les projets.

Ce qui me fait vibrer, c’est la photographie de vie, et j’ai donc tout naturellement choisi de  photographier la Famille au sens large du terme : mariages, maternité, naissance, enfance …

Vous pouvez découvrir mon travail sur mon site : https://www.estellechhor.com

Instagram @estellechhorphoto

Facebook  EstelleChhorPhotographe

Mon parcours est assez classique, puisque j’ai choisi de me lancer dans l’aventure de la photographie professionnelle après la naissance de mes enfants.
Je voulais à la base, être professeur d’anglais, et j’ai donc fait des études de langues. Une fois ma licence en poche, les opportunités m’ont menées à un tout autre métier. Après 10 années enrichissantes dans le commerce en tant qu’assistante achats, responsable logistique, puis acheteuse dans  une grande enseigne française, je suis tombée enceinte de mes triplés.
Un événement qui m’a fait changer de cap. Leur santé fragile et le handicap de mes deux filles m’ont contraintes à mettre ma vie professionnelle entre parenthèse, jusqu’à ce qu’ils aient 4 ans.
C’est durant cette longue « pause » non moins active, que l’envie de photographier mes enfants est née. Leur arrivée très prématurée, et leur début de vie difficile et incertain, ont entraîné en moi un profond besoin de raconter leur histoire. C’est à ce moment-là,  fin 2010, que j’ai vraiment commencé la photo. Une pratique quotidienne de la photographie de vie, presque salvatrice.

Au fil des mois, et face aux réactions positives et encourageantes de mes proches, j’ai souhaité me former, juste pour voir… C’est dans ce contexte qu’en 2012, je me suis inscrite à une formation de photographie à distance, mais j’ai surtout appris seule, avec mes enfants sur le terrain.

En février 2014, après avoir démissionné de mon poste d’acheteuse, je me suis lancée à temps plein dans l’entreprenariat et la photographie sociale.

Comment le documentaire de famille est entré dans ta pratique ? Comment le pratiques tu ?

Comme je le disais, j’ai commencé chez moi avec mes enfants, sans me douter que cela pouvait être une prestation que je pourrai un jour proposer à de potentiels clients.

Et puis, j’ai réalisé à quel point ces images étaient importantes pour moi et ma famille. Pourquoi ce type d’image, véritable témoignage de la vraie vie à un instant T, ne le serait pas pour d’autres ?
Je connaissais déjà le fantastique travail personnel d’Alain Laboile, et j’avais découvert de manière plus approfondie, les reportages de Kirsten Lewis, à l’occasion d’une formation en ligne.
Mais pour la petite histoire, c’est lorsque les membres du Collectif Joyeux Bazar m’ont invitée à les rejoindre, avant même que celui-ci ne soit officiellement créé, que j’ai décidé de lancer un appel à candidature pour réaliser mon tout premier reportage  photos de famille {extra}ordinaire quotidien.
Pour des raisons personnelles, je n’ai malheureusement pas pu poursuivre l’aventure auprès de mes collègues de Joyeux Bazar.
En revanche, cela m’a donné une bonne impulsion pour continuer dans la mise en place de mon projet.
Ma première expérience du documentaire familial sur le terrain a été absolument géniale. Je me suis retrouvée à 100% dans cette approche. Chercher le beau ET le chaos, la joie, les émotions dans une scène de vie ordinaire est un challenge vraiment enrichissant.
Raconter l’histoire d’une famille, en mettant en avant ce qui me touche personnellement, c’était loin d’être facile, et il a fallu sortir de ma zone de confort !
Mais je me suis tellement amusée et j’ai été tellement touchée par la réaction de cette famille à la découverte de ses images, que, convaincue de la valeur de ce type de photos,  j’ai très vite voulu recommencer !
C’est donc en septembre 2016, que j’ai mis officiellement en place les reportages {extra} ordinaire quotidien, marque déposée à l’INPI, quelques mois plus tard.

Je propose à ce jour 3 possibilités  pour m’adapter aux différents projets et budgets :
3 heures de reportage à partir du petit déjeuner
6 heures de reportage à partir du petit déjeuner et jusqu’en milieu d’après midi
ou 10 heures de reportage, journée complète du lever au coucher des enfants.

Est-ce que tu fais également de la photographie lifestyle ?

Oui ! Je propose les deux approches.

Au départ, je ne faisais que des séances photos lifestyle. Tout simplement parce que, à tort,  je ne pensais pas que le côté 100% reportage pouvait plaire.

Est-ce que tes clients voient la différence entre lifestyle et documentaire ? Dois-tu leur expliquer ? Et si oui, comment expliques-tu ?

Cela dépend vraiment des clients.
Il y a des familles qui comprennent très bien et immédiatement ce qu’est le reportage {extra} ordinaire quotidien, et qui savent très clairement que c’est ce qu’ils souhaitent.
D’autres, à qui je dois bien expliquer la démarche, et le fait que dans le cas d’une séance lifestyle, je vais guider légèrement, contrairement au documentaire de famille pendant lequel je photographie la réalité sans jamais intervenir.
Pour les familles qui hésitent, ou qui ont du mal à saisir la différence, j’envoie les deux brochures détaillées et je n’hésite pas à m’entretenir avec elles par téléphone.
J’explique précisément ma façon de travailler. Cela les aide à comprendre que dans un cas, ce sera une séance photo de 2 heures maximum, naturelle mais guidée, et  que dans l’autre,  ce sera un reportage de 3 heures à 10 heures, durant lequel, au-delà du beau et du naturel, je m’attacherai surtout à retranscrire ce que je vois de magnifique dans leur Réel.

Quel est le contexte (économique) de la photo de famille dans ton pays/ ta région ?

Mon expérience personnelle me laisse penser que de manière générale, les clients français ne sont pas encore totalement « prêts » à investir dans un documentaire de famille au même titre qu’ils pourraient le faire pour un événement de vie (mariage, baptême…)

Ce type de reportage est donc toujours un peu difficile à vendre, mais c’est aussi notre travail que de faire comprendre au plus grand nombre, la valeur que ces images peuvent avoir. Le documentaire de famille se démocratise un peu et cela sera très certainement favorable au marché à moyen terme.

Est-ce que la photo documentaire de famille est une pratique bien développée dans ton pays ?

Cette pratique est en plein essor, mais pas encore comme elle le mériterait.

Comment tes anciens clients ont-ils reçu cette nouvelle approche (si nouvelle approche) ?
Ils adorent et s’y intéressent beaucoup. Tous ne me demandent pas forcément un reportage du quotidien, pour les raisons que j’évoque plus haut, mais en tout cas l’accueil a été très favorable et encourageant.

Y a-t-il beaucoup de photographes pratiquant le documentaire de famille autour de toi ?

Quels sont tes rapports avec eux ?

Il n’y a, à ma connaissance, pas énormément de photographes qui pratiquent le documentaire de famille autour de moi.

Mais je m’entends très bien avec les principales ;)

Qu’est-ce que tu aimes dans la photographie documentaire de famille ?
Le challenge ! Raconter une histoire, créer des images fortes et belles dans une scène de vie qui pourrait paraître banale et ordinaire.
Le dynamisme ! ça bouge tout le temps, on n’a pas le temps de s’ennuyer !
Me sentir vraiment utile. Participer à la création d’un patrimoine authentique  et émotionnel pour toutes ces familles qui m’accordent leur confiance.

Quelle est ton approche personnelle ? A quoi es-tu sensible ?
Enfant, j’ai tragiquement perdu mon petit frère. Je n’ai malheureusement que très peu de photos de lui et moi et c’est un manque énorme aujourd’hui dans ma vie d’adulte…
Alors, de cause à effet, cela influence forcément ma sensibilité. Ce qui me touche particulièrement, c’est l’innocence de l’enfance et évidemment les connexions entre les membres de la famille, et dans la fratrie. Que ce soit des câlins ou des chamailleries, tout ce qui peut témoigner de la richesse d’être ensemble.
Créer des images qui aideront forcément un individu à se construire plus tard est, quelque part, ce qui m’anime.

 

As tu déjà rencontré des difficultés lors d’un reportage ou dans l’accueil de tes clients ?

Des difficultés, il y en a toujours, car on ne maitrise jamais ni les conditions lumineuses, ni  l’état d’esprit des membres de la famille le jour J. Mais c’est ce qui est intéressant justement !
J’ai rencontré sur mes premiers reportages quelques difficultés avec certains enfants qui avaient un peu de mal à continuer leur petite routine quotidienne sans faire attention à moi. J’avais donc fréquemment des regards fixés sur mon objectif.
Au fil du temps, et en expliquant en amont aux parents comment cela se déroule, tout le monde finit par très bien s’habituer à ma présence au bout d’une petite demi-heure et souvent beaucoup plus rapidement d’ailleurs.
Quoiqu’il arrive je suis toujours très bien accueillie et je me sens presque comme un membre de la famille ! Les choses se font naturellement et dans la simplicité et c’est ce que j’apprécie particulièrement.

Y a-t-il un moment que tu préfères lors d’un reportage ? As-tu une anecdote de reportage?

J’aime beaucoup le moment du petit-déjeuner, tout le monde encore en pyjama autour de la table, les cheveux en bataille, les enfants à peine sortis du lit, en forme ou de mauvais poil. C’est aussi un repas où toute la famille se retrouve tranquillement autour de la table, plus facilement en tout cas que le déjeuner ou le dîner qui est souvent un peu plus « speed », et puis c’est le point de départ de l’histoire que je vais raconter. Un moment-clé que je souhaite couvrir sur chaque reportage !

Oui j’ai une anecdote, un peu stressante sur le coup …

Lors d’un de mes derniers reportages, j’ai suivi la famille au marché. Pour être plus « efficaces » sur les courses, les parents ont décidé de se séparer. Le papa est allé faire la queue chez le poissonnier pendant que la maman était aux fruits et légumes avec les 3 enfants. Il y avait beaucoup de monde, il faisait froid. La petite dernière ne voulait plus marcher, la maman avait les bras chargés et a dû porter sa puce qui pleurait. C’était un peu le chaos, surtout lorsque le grand frère de 8 ans s’est perdu… J’ai dû mettre entre parenthèse mon rôle de photographe quelques minutes, et partir à la recherche du petit garçon, que nous avons fini par retrouver. Grand coup de stress, mais tout s’est bien fini heureusement ! Un imprévu dont je me souviendrai longtemps.

Qui sont tes influences ? Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Je m’intéresse au travail de nombreux photographes, mais j’aime particulièrement celui d’Alain Laboile  qui raconte merveilleusement l’enfance libre avec force et poésie. Niki Boon et Kirsten Lewis font aussi partie des photographes de famille que je suis de près.  Et je ne peux pas finir sans évoquer Sally Mann dont j’adore le travail, bien que son œuvre ait souvent été controversée. 

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